L’amitié, l’amitié vraie, crée des mondes qui ne se ressemblent pas. C’est une planète sans visiteur, éclairée par la frêle bougie qu’alimentent les sentiments. Elle a ses paysages, ses juridictions, ses jours fastes, ses interdits. Il y a des amitiés sèches, sobres, de peu d’actes et de rares paroles qu’on entend craquer sur le tas de bois des mauvais jours, quand le dégel se fait attendre ; d’autres sont pluvieuses, brusques, fécondes, emportées, cyclothymiques. Edmond avait tant de difficultés avec lui-même, tant d’obstacles à repousser à chaque réveil qu’il ne fut jamais en mesure d’accueillir la simple amitié du matin, celle qui pousse le portail couvert de givre et qui frappe aux volets clos avec de petits cailloux.
La Rosita
Un jour l’amitié que nous avions pour un vivant s’adresse à un mort. Tandis que notre visage vieillit, le sien reste jeune.
Presque un manège
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