Side-car
Editions Comp’act. 1990.
Drôle de pièce, mal foutue, folle, puérile, à lire avec des ciseaux, mais qui a un humour et des enchaînements d’une beauté incroyable.
Extrait:
SCHUM (un joueur professionnel). Deux nuits de suite nous avions joué au poker. Dans la villa du conseiller. Et c’était la troisième nuit. Une porte battait derrière ma chaise. Une lumière de flottement entourait mes mains de tricheur. Au moment de surenchérir avec une quinte boiteuse, levant les yeux sur mon pigeon, je vis qu’elle se tenait droite derrière lui une main - celle qui portait l’alliance - abandonnée avec douceur sur l’épaule de l’ennemi. Portrait de couple avant rupture, pensai-je avec écoeurement, tandis qu’elle me jetait un regard si expéditif que, renonçant à mes profits, je me réfugiai au jardin où poussait un hêtre fameux, orgueil de son propriétaire. Elle me rejoignit un demi-cigare plus tard. Je crus qu’elle était venue s’excuser pour la perte que j’avais faite à cause d’elle, mais les personnes de ce milieu qui n’ont jamais eu sous la gorge le couteau du manque à gagner, n’ont pas de ces délicatesses...
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